Cloudflare dégaine : IA, fini le buffet gratuit des contenus

Manuel Lodjo
6 min de lecture
Cloudflare propose une solution pour que les éditeurs facturent l’accès à leurs contenus par les IA, mais est-ce réalisable

Cloudflare encourage les éditeurs à facturer les entreprises IA qui veulent utiliser leur contenu : la fin du scraping gratuit ?

Cloudflare débarque, en mode justicier, avec une idée surprenante : créer une marketplace sur laquelle les éditeurs de contenu pourront monétiser l’accès à leurs données

En gros, au lieu de te faire aspirer tes données gratuitement par les IA de géants comme OpenAI, tu pourras leur faire payer l’addition.

Une idée intéressante qui pourrait bien rebattre les cartes dans un jeu où les petits éditeurs étaient jusqu’ici les grands perdants.

Mais est-ce que ça va vraiment marcher ou c’est juste de la poudre aux yeux ?

Je ne vous cache pas : là, je suis un peu comme un chat devant un miroir : intriguée mais sceptique.

Une situation inacceptable qui n’a fait que trop durer

Tu passes des nuits blanches à créer du contenu et des années à construire ton audience.

Et des entreprises d’IA comme OpenAI, Anthropic, Meta ou encore Google utilisent allègrement tes contenus pour entraîner leurs modèles.

  • sans permission et sans “rien” en retour.
  •  Pas de mention…Même pas un petit lien pour renvoyer un peu de trafic vers ton site. Et on le sait tous, sans trafic, un site web ne peut survivre.
  • C’est du vol, pur et simple.  

Pendant que les gros éditeurs comme le New York Times partent en guerre judiciaire contre OpenAI à coup de millions pour violation de droits d’auteurs1, les petits médias indépendants eux, rament.

Pas assez de moyens ni de pouvoir pour exiger une compensation comme l’ont fait les poids lourds tels que TIME, Axel Springer ou Condé Nast2 mais suffisamment d’agacement pour vouloir que ça change.

Cloudflare joue au Robins des bois ?

Grâce à la solution que propose Cloudfare, tu fixes un prix pour ton site3 ou certaines pages, et les entreprises d’IA devront raquer pour y accéder. 

Ou alors, si t’as pas envie de passer pour un rapace, tu demandes juste un peu de reconnaissance, genre un petit lien vers ton site lorsque tes données sont utilisées.

Franchement, l’idée est géniale dans le fond.

Ça pourrait rééquilibrer un peu la situation pour les petits médias, qui, méritent eux aussi de la reconnaissance pour leur travail.

Mais là où je commence à tiquer, c’est sur la faisabilité.

Soyons honnêtes deux secondes : tu crois vraiment que ces géants vont se bousculer pour payer quelque chose qu’ils ont déjà gratuitement depuis des lustres ?

C’est comme dire à un gosse de rendre les bonbons qu’il a déjà dans la bouche.

Peut-être qu’ils se réveilleront un jour avec une conscience éthique, mais je ne parierais pas là-dessus surtout quand on sait OpenAI a affirmé4 qu’il est impossible de créer une IA sans voler du contenu.

Un pansement sur une plaie béante

Cloudflare fait un pas dans la bonne direction, je ne dis pas le contraire.

Mais soyons clairs : ce n’est pas la fin du scraping gratuit pour les robots IA, loin de là.

Pourquoi ? Parce que comment on va  obliger OpenAI et consort à payer ?

Tant qu’il n’y aura pas des réglementations claires et des sanctions efficaces, ça ne changera rien. 

En Europe par exemple, l’IA Act est un bon début mais on attend qu’elle soit totalement applicable pour le moment.

Oui, monétiser l’accès au contenu est une idée séduisante, mais il faut renforcer les lois autour du droit d’auteur pour que cela devienne une obligation. 

Autrement,  les entreprises d’IA continueront à scraper en douce, et les petits éditeurs resteront les grands perdants de l’histoire.

Cloudflare : un super-héros ou un simple vendeur de rêves ?

Derrière tout ce discours bien intentionné, on ne peut s’empêcher de se demander quel est le véritable objectif de Cloudflare5.

Qu’est que l’entreprise gagne en retour ? Des commissions ? Pour le moment, le modèle économique de cette marketplace reste flou.

Ce qu’on sait, c’est qu’ils ont quand même sorti AI Audit, un outil qui te permet de voir quels bots AI viennent piller ton site, combien de fois ils passent et sur quelles pages ils se goinfrent.

Mieux, tu peux même les bloquer si t’as envie de leur couper l’accès.

Pratique, mais bon, une fois que ton contenu est déjà aspiré, c’est trop tard. Et les robots IA, c’est comme des cafards, ils peuvent toujours trouver un moyen de revenir.

Cloudflare tente de se positionner comme le sauveur des petits médias, mais sans cadre légal solide, les petits éditeurs risquent de continuer à se faire siphonner, et l’entreprise, malgré ses belles promesses, sera simplement vu comme un vendeur de rêves.

A vous !

Alors que penses-tu de cette idée de Cloudflare ? A ton avis ça va changer quelque chose ou pas pour les petits médias indépendants et les propriétaires de sites web ? On aimerait bien lire ton point de vue sur le sujet dans les commentaires.👇


Références

  1. OpenAI searches for an answer to its copyright problems. The Verge, du 30 août 2024. Consulté le 23 septembre 2024. ↩︎
  2. OpenAI partners with Condé Nast. OpenAI, du 20 août 2024. Consulté le 23 septembre 2024. ↩︎
  3. Cloudflare’s new marketplace will let websites charge AI bots for scraping.TechCrunch, du 23 septembre 2024. Consulté le 23 septembre 2024.
    ↩︎
  4.  Entraîner l’IA avec des contenus protégés est indispensable, selon OpenAI. Le Monde Informatique. Consulté le 23 septembre 2024. ↩︎
  5. Start auditing and controlling the AI models accessing your content. Blog Cloudflare,du 23 septembre  2024. Consulté le 23 septembre 2024. ↩︎

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