100 millions d’utilisateurs en 4 jours. Threads : on en parle ?

Lionel Honou
De Lionel Honou 9 min de lecture
9 min de lecture

Qui va à la chasse, perd sa place

Ce n’est pas à Elon Musk qu’on rappellera ce vieux dicton poussiéreux, mais encore d’actualité. Alors que Threads vient de balayer les performances de Twitter, d’Instagram et du réputé indétrônable ChatGPT, il est temps d’évaluer les dégâts.

Cette escalade aura amené Zuckerberg et Elon Musk à un face-à-face dont, à première vue, personne ne sortira indemne. Le gazouillis bleu serait-il en train de disparaître ? Nous vous présentons une vue à 360 degrés des faits. 

Threads, comment ça marche ?

Threads est un service de microblogging qui a officiellement vu le jour le jeudi 06 juillet 2023. C’est une application qui partage le même lien de parenté que Facebook et Instagram, c’est-à-dire Meta. Sur Threads, vous publiez des textes courts ou des échanges en temps réel.  Vous pouvez également répondre, aimer ou partager ce qui vous intéresse. 

Vous démarrez rapidement si vous êtes déjà abonné à Instagram :

  • Connectez-vous avec Instagram
  • Importez votre image de profil et votre bio 
  • Acceptez de suivre les mêmes abonnés que sur Instagram 
  • C’est parti ! Publiez vos premiers textes 

Vous pouvez basculer de Threads à Instagram en un clic. Son interface, épurée, masque quelques innovations discrètes mais intéressantes. Elle vous aide à gérer une éventuelle dépendance au numérique grâce à sa fonctionnalité « Faire une pause ». Les parents disposent librement du mode « Supervision » pour le contrôle parental. Vous pouvez vous désabonner, masquer, signaler, bloquer ou débloquer des mots, expressions ou utilisateurs.

Les marketeurs peuvent faire leur chou gras sur Threads: premier arrivé, premier servi ! Avec 9 des 10 principaux détaillants aux États-Unis, et de grands noms, la convivialité affichée du réseau social est une aubaine. Les célébrités ont adopté le dernier-né de Meta et les plus grandes marques ne devraient pas tarder à leur emboîter le pas. En attendant la publicité, les professionnels peuvent compter sur un trafic organique puissant et sont encouragés à citer nommément leurs partenariats rémunérés. 

Encore gratuit pour le moment, pour certains observateurs, Threads est surfait. On a Facebook pour le texte et Instagram pour les visuels, alors à quoi sert-il ?

Un Instagram bis ?   

Le réseau social Threads est directement lié et complémentaire à Instagram. En bref, Instagram valorise les expériences, photos et vidéos, tandis que Threads fournit essentiellement du texte.

Threads ne disposant pas de boîte de réception personnelle, Instagram reste indispensable. En effet, la suppression de votre profil sur Threads entraîne automatiquement celle d’Instagram. Pour parer à ce désagrément, l’utilisateur doit actuellement se contenter d’une simple désactivation temporaire.

En même temps, Threads est aussi l’allié des professionnels. Les spécialistes de la photographie, laissés sur le bas-côté par Instagram pour les reels et les vidéos, ne tarissent pas d’éloges. Ils retrouvent enfin leur liberté d’expression en associant les points forts d’Instagram et de Twitter, tout en espérant que ça dure. 

Pourtant, ce n’est pas du côté d’Instagram, mais bien de celui de Twitter que ça grince des dents. En effet, à moins de vouloir se cloner pour superviser sa vie en ligne, vu les ressemblances les utilisateurs devront choisir entre les deux.

Pourquoi Threads menace-t-il Twitter ? 

Pour faire simple, l’application Threads est une photocopie sans filtre de Twitter emballé dans l’habillage d’Instagram. Annoncé clairement comme une rivale, on peut en déduire qu’elle n’est pas arrivée pour une cohabitation pacifique. Du déjà vu qui a pourtant rapidement conquis les geeks,en quelques chiffres :

  • 7 millions d’utilisateurs en 7 heures 
  • 30 millions d’utilisateurs en 24 heures
  • 100 millions d’utilisateurs en 4 jours.

C’est donc officiel : Threads est désormais l’application la plus téléchargée de l’histoire. Il y a bien sûr quelques différences :

  • Des messages plus longs
  • Votre fil présente indifféremment les publications de vos abonnements et les suggestions de parfaits inconnus
  • Threads ne s’appuie pas sur les hashtags ni les sujets : vous ne pouvez rechercher que des utilisateurs 
  • La modération est plus stricte : vous pouvez oublier les nudes, et les profils d’utilisateurs de moins de 16 ans sont automatiquement privés. 
  • Vos conversations sont publiques. Si vous sentez un besoin d’intimité, optez pour un fil de discussion Threads, Facebook ou Instagram
  • Pas de GIFs
  • Pas de traduction
  • Pas de géolocalisation 
  • L’impossibilité de tracer ses mentions « j’aime »

Ces différences sont assez minimes pour que le grand public n’y voit du feu. En l’occurrence, avec Threads, Meta a inauguré un écosystème entier de réseaux sociaux distincts mais interconnectés. Très attendue, il se pourrait que Twitter lance assez tôt une contre-offensive face à l’envahisseur. 

Quelle est la réplique de Twitter ?

La véritable question est de savoir si Twitter dispose d’une véritable capacité de riposte ? En effet, l’arrivée d’Elon Musk a inauguré une succession effroyable d’impairs qui menacent déjà suffisamment la firme de l’intérieur.

Le premier impair, parmi tant d’autres, a été de sortir du code européen de bonnes pratiques. Le deuxième a été le dégraissage intensif du personnel. Le troisième a été l’oubli de régler les indemnités subséquentes. Payer 44 milliards pour faire un grand ménage assorti de promesses non tenues (un demi-milliard de dollars américains de primes de licenciement impayées), seul Elon Musk peut se le permettre. 

Avant de retrouver ses marques, Twitter doit d’abord purger une pluie de procès (licenciements abusifs ciblant en particulier les femmes et les handicapés, primes impayées), puis retrouver une communication… après avoir supprimé son service de relations avec les médias. L’émoji caca répondu à Reuters a fait plusieurs fois le tour de la toile.

Pour parer au plus pressé, Twitter bloque les liens vers Threads de manière sélective. L’objectif serait de maintenir l’engagement déjà fuyant de sa communauté. Cette pratique, jugée anticoncurrentielle, peut d’ores et déjà être contournée par les internautes.

D’autres blocages ont été mentionnés : les utilisateurs non enregistrés, la recherche Google,… la société a la gâchette facile. Avec une liste de blocages qui s’allonge, Twitter semble dos au mur. Des bruits de couloirs laissent également entendre que la firme au gazouillis envisage de traîner Meta au tribunal (pour plagiat, ndlr). Malgré ses tentatives, le trafic sur Twitter a plongé de 5% dès les 2 premiers jours actifs de Threads.

Toutefois, Twitter a encore de la marge : Threads a été déployé dans une centaine de pays seulement lors du démarrage, excluant pour l’instant le continent européen. C’est une bouffée d’air frais pour Twitter, même si son récent débrayage éthique risque de limiter sérieusement ses options de dégagement.

Threads est l’embellie rêvée   

Pour Meta, Threads est l’embellie rêvée après l’échec retentissant de son Metavers. Liée à Instagram, la nouvelle application a largement profité des récents impairs d’Elon Musk et draine du beau monde, avec des facilités :

  • Un écosystème Meta
  • Le contrôle parental 
  • Des messages plus longs
  • Des images de haute qualité 
  • Une  modération plus rassurante 

Le flair ne suffit pas, il faut aussi de la chance

Eddie Barclay

Le flair endormi de Mark Zuckerberg concernant le Metavers, semble s’être réveillé pour de bon cette fois-ci. Et quelle que soit sa riposte, Twitter a intérêt à être rapide. Car selon Adam Mossori, le PDG d’Instagram, la version web de Threads est déjà en préparation en coulisses…

Partagez cet article