DMA oblige, Meta baisse ses prix : cadeau ou illusion ?

Lionel Honou
6 min de lecture
Meta joue la carte du prix réduit pour calmer l’Europe : un vrai cadeau ou une ruse bien orchestrée ?

Meta fait des ristournes sur son abonnement sans publicité en Europe : une vraie réponse pour les régulateurs ou juste un coup de bluff ?

Cette semaine, Meta a fait un grand geste pour ses utilisateurs européens de et : baisser 40 % du prix de l'abonnement sans publicité.

Mais ne te fais pas trop d'illusions. Si cette initiative semble être une réponse aux régulateurs, tout le monde n'applaudit pas des deux mains, surtout pas les défenseurs de la vie privée.

Décortiquons ensemble cette nouvelle manœuvre de l'empire Zuckerberg et voyons ce qu'elle cache vraiment sous ses airs de générosité.

Une baisse de prix pour rendre l'abonnement sans pub plus accessible… vraiment ?

Il ne faut pas se leurrer, Meta n'a pas dégainé sa calculette pour être sympa.

Non, cette réduction, c'est avant tout pour se plier aux règles1 imposées par le Digital Markets Act (DMA), le nouveau cauchemar des géants du web.

Depuis l'entrée en vigueur de cette législation, le patron de Meta est sous pression pour faire bonne figure en matière de protection des données.

Donc, si tu te demandes pourquoi Zuckerberg devient subitement plus “généreux”, la réponse est simple : il n'avait pas vraiment le choix.

À partir du 12 novembre 2024, l'abonnement sans pub passera de 9,99 € à 5,99 € par mois sur le web et de 12,99 € à 7,99 € sur iOS et Android.

En gros, tu pourras scroller dans tes fils sans te faire bombarder de pubs pour un tarif un peu plus sympa.

Tu l'as donc compris, Meta espère surtout à travers ce geste en apparence altruiste, cocher des cases pour éviter de se prendre une amende XXL.

Parce qu'on ne va pas se mentir, Meta et  l'altruisme, ça fait deux, non ?

Publicités “moins personnalisées” : vraie concession ou diversion ?

T'es fauché, mais t'en as marre des pubs ciblées ? Pas de souci, Meta a également consenti à quelques efforts à ce niveau (enfin, disons qu'ils n'ont pas non plus trop eu le choix).

Dorénavant, tu pourras opter pour des publicités moins personnalisées.

En clair, fini les pubs qui te connaissent mieux que ta mère : Meta se contentera d'utiliser des infos basiques, comme ton âge, ton sexe et ta localisation pour t'envoyer ses réclames.

C'est toujours intrusif, mais moins qu'avant, où chaque scroll servait à affiner les pubs qui te sautent à la gorge.

Mais voilà le hic : est-ce que ces pubs “moins intrusives” seront vraiment plus supportables ?

Meta t' avertit déjà que tu risques d'avoir droit à des publicités un peu… hors sujet.

Genre, tu cherches un match de foot et on te propose des cours de tricot.

Tout ça pour, au final, te faire comprendre que l'abonnement payant reste l'option la plus “cool”.

Une baisse de prix, mais avec toujours la même pression

Ce qui est fascinant avec Meta, c'est leur capacité à transformer une contrainte en acte de “bienveillance”.

Mais l'association européenne NOYB (None Of Your Business) n'est pas dupe : le problème2, ce n'est pas le prix de l'abonnement, mais l'approche du “pay or okay” qui force les utilisateurs à accepter des publicités ciblées.

En juillet 2024, la Commission européenne a même reproché à Meta de ne pas offrir de véritable alternative, jugeant que leur système ne respectait pas le DMA et son exigence de liberté de choix.

Donc, même si Meta joue la carte du rabais, la réalité est qu'ils continuent de presser les utilisateurs pour accepter des pubs non choisies.

Et pour les Européens, le choix reste cornélien : un abonnement moins cher ou des pubs “light”, mais dans tous les cas, Meta ne compte pas lâcher son modèle économique basé sur la data.

Alors on retient quoi de tout ça nous ?

Si Meta pensait calmer les régulateurs européens avec cette baisse de prix, c'est probablement un coup dans l'eau.

Le DMA, ce n'est pas une question de tarifs ou d'options, c'est une question de consentement réel et de respect des données personnelles.

Et sur ce point, Meta est encore loin du compte, malgré tous ses efforts de façade.

On peut applaudir l'initiative de rendre l'abonnement sans pub plus accessible, mais tant que le géant du web continue de tirer les ficelles et d'imposer ses règles, la guéguerre avec les associations de défense des droits numériques est loin d'être terminée.

Alors, abonné ou pas, la question reste la même : es-tu vraiment libre de choisir ?

Qu'en penses-tu, toi ? Prêt à payer pour ne plus voir de pubs ? Ou tu préfères l'option « light » et un peu moins de ciblage ? Fais-nous savoir dans les commentaires !


Références

  1. Meta réduit le prix de son abonnement sans publicité pour tenter de se conformer au DMA. BDM, du 12 novembre 2024. Consulté le 13 novembre 2024. ↩︎
  2. Facebook and Instagram to Offer Subscription for No Ads in Europe. Meta, du 12 novembre 2024. Consulté le 13 novembre 2024. ↩︎

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