Perplexity rémunère les éditeurs : coup de com’ ou vraie révolution

Manuel Lodjo
4 min de lecture
Perplexity tente de rassurer les éditeurs de contenu en promettant des revenus partagés, mais les critiques de plagiat planent toujours.

Perplexity et son mea culpa monétaire : un vrai deal ou de la poudre aux yeux ?

Perplexity a annoncé fièrement son « Perplexity’s Publishers Program » pour rémunérer les éditeurs de contenu. Super initiative… sauf que ça arrive juste après une avalanche de critiques pour plagiat et utilisation sauvage de contenu. Le timing parfait, quoi.

Un programme aux airs de mea culpa déguisé ?

La start-up soutenu par Jeff Bezos promet de partager une partie de ses revenus publicitaires avec les éditeurs.  

Le deal :

  • Un pourcentage « à deux chiffres » sur les recettes publicitaires (les chiffres précis restent un mystère),
  • Des partenariats sur plusieurs années,
  • Des petits bonus comme l’accès gratuit à leur abonnement Enterprise Pro… Ça s’appelle faire d’une pierre plusieurs coups.

Des poids lourds1 de la presse comme TIME, Der Spiegel, et The Texas Tribune sont déjà sur la liste des partenaires selon Perplexity.

Mais entre nous, cette initiative ne tombe elle pas à pic juste après les accusations de Forbes2, Wired et Condé Nast3, qui ont bien fait comprendre que le moteur de recherche IA jouait les « pickcontent ».

Coïncidence ? J’en doute.

Shevelenko dit que c’était prévu depuis longtemps… Ah bon ?

« Nous discutons avec les éditeurs depuis janvier »… Aucun aspect de ce programme n’est une réponse à ces récentes accusations ».

Le directeur commercial de Perplexity, Dmitry Shevelenko, insiste sur le fait que tout ça était dans les cartons depuis janvier.

Pas du tout une réponse aux récentes polémiques, non, non…

Alors là, désolé, mais difficile de croire que la start-up a soudainement eu une révélation philanthropique juste au moment où les médias sortaient les fourches.

Mais bon… on va quand même leur laisser le bénéfice du doute.

Un modèle « novateur » ou juste une ruse bien ficelée ?

Contrairement aux autres géants de l’IA comme OpenAI qui filent des chèques allant de 5 à 250millions de dollars , Perplexity mise sur un système où les éditeurs sont payés pour chaque contenu utilisé dans ses réponses d’IA.

Bref, pas de paiement forfaitaire, mais une promesse de revenus « au fil de l’eau ». 

Bon, ça peut être intéressant, mais ça reste un modèle qui dépend largement des gains publicitaires… qu’ils n’ont pas encore mis en place, d’ailleurs.

Un modèle publicitaire en construction

Nous avons besoin de la publicité pour réussir, car elle va devenir notre principal modèle économique. 

Shevelenko

Perplexity serait en train d’explorer4 différents formats, dont :

  •  Des questions de suivi sponsorisées dans la section « Connexe »
  •   Des unités vidéo en haut de page
  • Des publicités ciblées en fonction des catégories de requêtes des utilisateurs

Les vraies questions : est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

  • La compensation suffira-t-elle vraiment à pallier la perte de trafic direct ? 
  • Et si l’IA associe le contenu des éditeurs à des réponses à côté de la plaque ? Bonjour la réputation.
  • À force de lier les revenus à l’IA, est-ce qu’on ne risque pas de perdre l’objectivité journalistique ?

En clair : un geste pour calmer (ou pas) ?

Finalement, ce programme de rémunération que propose Perplexity aux médias sent la tentative de redorer l’image tout en posant les bases d’un modèle économique basé sur les pubs. 

Ça peut marcher, mais pour ça, il faudra plus que quelques promesses floues et des accès gratuits à des services.

Pour l’instant, c’est un joli coup de com’ pour calmer les éditeurs agacés, mais pour une vraie révolution, il faudra repasser.


Références

  1.  Perplexity is cutting checks to publishers following plagiarism accusations. The Verge, du 30 juillet 2024. Consulté le 30 juillet 2024. ↩︎
  2. Forbes letter threatens legal action against Perplexity AI over copyright. Axios, du 18 juin 2024. Consulté le 30 juillet 2024.
    ↩︎
  3. Condé Nast has reportedly accused AI search startup Perplexity of plagiarism. Engadget, du 22 juillet 2024. Consulté le 30 juillet 2024. ↩︎
  4. Perplexity will put ads in its AI search engine and share revenue with publishers. Engadget, du 30 juillet 2024. Consulté le 30 juillet 2024.
    ↩︎

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