La poursuite de la domination de l’IA par Meta : la stratégie de Zuckerberg pour l’AGI et l’avenir de la technologie des médias sociaux
“Une IA au niveau de l’intelligence humaine”, “Une IA qui possède son propre flux social et lance des posts sur Facebook, Instagram et Threads”… Pour l’ambitieux Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, il faut “construire l’avenir autour de la connexion” au bénéfice de ses milliards d’utilisateurs. Il a donc décidé de s’en donner les moyens en atteignant l’intelligence artificielle générale (AGI) avec Meta le plus tôt possible.
Dans cet article, vous ferez un tour des projets les plus significatifs de Meta. Vous comprendrez également le contexte stratégique de ses plus récentes décisions. Enfin, vous en apprendrez plus sur les moyens utilisés par Meta pour atteindre l’AGI.
Exit le Metaverse ?
Dès l’annonce de Zuckerberg, les gloussements se sont fait entendre. En effet, il y a peu, le Metaverse constituait le but ultime de Meta, pour lequel la compagnie avait consenti des investissements astronomiques. Un changement de casquette symbolisé par le changement du nom de la société.
Nombre d’observateurs voient en la nouvelle inspiration IA de Zuckerberg, une tentative discrète de pivoter d’un projet à l’autre. En effet, son engagement dans la réalité virtuelle (VR) se ressent de moins en moins, face à Apple qui, lui, a tenu toutes ses promesses.
Toutefois pour l’entreprise, l’un n’exclut pas l’autre. D’ailleurs, le modèle Llama 3 est déjà en cours de finalisation, alors que Llama 2 a été déployé depuis peu.
Meta prévoit également l’ouverture d’une plateforme dédiée à l’IA, donnant l’opportunité aux utilisateurs de créer et de partager leur personnage IA dans l’univers Meta (Facebook, Instagram, Threads).
Quelle est la logistique de Meta pour atteindre l’AGI ?
L’objectif
Mark Zuckerberg conduit résolument Meta vers l’AGI pour améliorer plusieurs de ses services adossés sur l’IA. Ces domaines exigent des capacités cognitives, de planification, de mémoire, de raisonnement et de codage significatifs. Sont concernés :
- Les applications professionnelles
- Les assistants
- Les outils créatifs
Voilà qui est clair, d’autant plus que Zuckerberg s’est montré incapable de définir l’AGI :
Lors d’un panel au Forum Économique Mondial de Davos, Nick Clegg de Meta a poussé la réflexion plus loin :
Le plan
- Meta a fusionné 2 de ses pôles de recherche spécialisés pour l’IA, la FAIR et la GenAI constituer une équipe géante.
- D’ici fin 2024, Meta détiendra l’une des capacités de calcul pour l’IA les plus puissantes au monde
- Selon le projet initial de Mark Zuckerberg, l’AGI sera pourvue d’un codage avancé
Une guerre stratégique sans merci ?
Une rivalité féroce
Meta, OpenAI, Google et Microsoft, s’arrachent les parts du marché IA, à l’aide de créations toujours plus performantes. Le prochain champion sera celui qui aura atteint l’AGI le premier.
La guerre des talents
Pour réaliser les objectifs vertigineux des géants technologiques, il faut des talents à la mesure du service. Google peut compter sur son leader IA, Demis Hassabis1.
Cependant, la bataille fait rage entre les acteurs du secteur, pour attirer les meilleurs ingénieurs2 en nombre restreint vers leurs projets internes. Rémunérés à plus d’un million de dollars US par an, ces experts de permettent le luxe d’une consultance multicarte. Pour empêcher la saignée de leurs cerveaux, les géants technologiques ne tarissent pas d’avantages stratégiques, par exemple :
- Des millions de dollars US chez OpenAI
- Une rémunération composée en partie d’actions chez Google
Zuckerberg quant à lui, dira tout haut ce que tout le monde pense tout bas :
La surenchère pour la puissance de calcul
Les ressources de puissance de calcul pour l’IA se raréfient. De plus en plus onéreux, les processeurs NVIDIA restent les plus performants à ce jour. Meta prévoit de mobiliser une superpuissance de calcul d’ici fin 2024, à l’aide du 350 000 Nvidia H100. Grâce à quelques GPU supplémentaires, il attendra l’équivalent de 600 000 H100.
Pour gagner son pari, Meta s’appuiera sur les technologies Nvidia et Microsoft, mais surtout sur un montage technologique interne inédit.
Quels sont les enjeux ?
La sécurité
Placer l’AGI aux mains d’une entité ou d’un nombre restreint d’individus en ferait un pouvoir de contrôle des masses dangereux. Une autre crainte est répandue, qui fait référence à une IA qui échappe au contrôle humain3.
Les acteurs du secteur évaluent plusieurs formules pour associer prochainement la performance de l’IA et la sécurité d’utilisation. Certains ont opté pour l’usage fermé, d’autres pour le modèle ouvert ou open source.
Quelle que soit la stratégie choisie, le but est de circonscrire l’IA à tout prix.
La transparence des processus
Dans une optique de transparence, Meta a choisi de publier sa prochaine AGI en open source. Selon la vidéo de Mark Zuckerberg sur Threads, l’accent sera mis sur la responsabilité, l’accessibilité et la pérennité du modèle.
Dans le même ordre d’idée, Sam Altman et OpenAI ont opté pour un modèle de développement fermé. Hermétiques aux critiques, les adeptes du modèle fermé invoquent l’argument sécuritaire. Dans ce cas de figure, il s’agit de protéger l’humanité d’éventuels dérapages majeurs de l’IA.
En même temps, il reste du chemin à parcourir. En effet, face à l’opinion publique qui s’emballe, optimistes ou alarmistes réunis, Yann LeCun se veut plus modéré, réaliste et remet la balle au centre :
Voilà qui est dit.
Que retenir ?
Et si l’AGI restait un simple idéal à l’horizon ? En effet, les idées foisonnent, cependant les moyens de mise en place sont problématiques.
- L’AGI est une IA capable de raisonner et de résoudre les problème comme un humain
- En optant pour l’AGI, Meta a rejoint la concurrence entre OpenAI, Google et Microsoft
- Pour atteindre ses objectifs, Meta compte se doter de moyens humains et techniques phénoménaux
- Pour motif de sécurité, l’AGI de Meta sera open source
La quête pour atteindre l’AGI est lancée. Longtemps avant l’accélération de la course à l’IA, Antoine de Saint-Exupéry recommandait déjà : “Fais de ta vie un rêve et d’un rêve, une réalité.” Et pour ce qui touche à la réalisation des rêves les plus fous et les plus improbables, la big tech est un pari justifié.
Références
- Mark Zuckerberg’s new goal is creating artificial general intelligence, The Verge. Publié le 18 janvier 2024. Consulté le 11 avril 2024. ↩︎
- Meta joins rivals in pursuit of human-level AI, CIO Economic Times, India Times. Publié le 19 janvier 2024. Consulté le 11 avril 2024. ↩︎
- Meta joins rivals in pursuit of human-level AI, The Business Times. Publié le 19 janvier 2024. Consulté le 11 avril 2024. ↩︎
- Meta’s « general intelligence » quest, Axios. Publié le 22 janvier 2024. Consulté le 11 avril 2024. ↩︎